
Retour à Löwenhorf ! Après un premier tome brillant dont je vous ai parlé il y a quelques jours, j’avais un peu peur que l’intrigue ne s’essouffle ou soit quelque peu redondante. Que nenni ! J’ai bouffé ce livre en deux jours seulement !
Si vous n’avez pas lu le premier roman de la série, vous pouvez tout de même lire ma chronique car je me suis efforcée de ne rien vous spoiler du roman précédent.
Mathilda ou la fracture des origines
Nous faisons ici la connaissance de la jeune Mathilda, qui vit à Stockholm avec sa mère. Récemment endeuillée par la perte de son père, elle est frappée peu de temps après par une nouvelle tragédie : la mort soudaine de sa mère. Lors de la lecture du testament, elle découvre avec stupeur que sa tutrice légale jusqu’à sa majorité sera une certaine Agneta Lejongard, Comtesse de Löwenhof. Un choc pour cette adolescente issue d’un milieu modeste ! Peu après, Mathilda emménage dans le manoir de la famille Löwenhof, découvrant un univers de confort et de privilèges qui lui était jusqu’alors totalement étranger. Si cette décision semble, au premier abord tombée du ciel, elle ne va pas sans soulever une question majeure à la jeune femme. Pourquoi sa mère a-t-elle confié son avenir à une Comtesse dont elle n’a jamais entendu parler ? La seule explication avancée est que sa mère, autrefois domestique au service des Lejongard, a souhaité, en cas de malheur, confier sa fille à son ancienne employeuse. Mais cette justification laisse la jeune fille insatisfaite. Résolue à comprendre les raisons de ce choix inattendu, Mathilda entreprend alors de percer le mystère qui entoure ses origines et le lien secret entre sa mère et la Comtesse.
Mathilda peine à trouver ses marques dans ce nouvel environnement et tout la rappelle à Stockholm. Elle n’avance dans sa vie de jeune adulte que dans la seule optique de retrouver la capitale, ses amis qu’elle a quittés et surtout le jeune homme dont elle et follement amoureuse et avec qui elle souhaite se marier. Plus encore que dans le premier tome de la série, le contraste entre la vie à Stockholm et la vie aristocratique à Löwenhof est marqué. La jeune fille ne connaît pas les codes, les attentes de sa nouvelle situation. Elle se sent souvent en décalage dans sa nouvelle famille d’autant plus qu’un des fils d’Agneta se montre absolument ignoble vis-à-vis d’elle.
Elle en pense quoi, Anaïs Serial Lectrice ?
Comme dans le premier tome de la saga Le choix d’Agneta, Corina Bomann continue d’explorer avec finesse l’un de ses thèmes de prédilection : la condition féminine et le chemin vers l’émancipation. Le Secret de Mathilda met en lumière une jeune héroïne à la fois forte et vulnérable, ballotée entre les attentes de la société aristocratique et ses propres aspirations. Au fil des pages, on assiste à une véritable métamorphose : Mathilda, encore marquée par l’enfance et le deuil, grandit, s’affirme, et apprend à se tenir debout dans un monde qui ne lui fait pas toujours de place. Telle une chrysalide qui se transforme en papillon, elle s’éveille peu à peu à elle-même, à ses désirs, à ses convictions — souvent en décalage avec l’univers dans lequel elle a été projetée malgré elle.
Le poids du secret, comme l’indique le titre, est un autre moteur essentiel du récit. Silences lourds de sens, vérités dissimulées, identités floues : les non-dits empoisonnent les relations entre Mathilda et sa nouvelle famille qui pourtant, fait tout pour qu’elle se sente bien chez eux. Ces secrets finiront par diviser, suscitant disputes, incompréhensions et ruptures. Mais ils nourrissent aussi une atmosphère de mystère qui maintient le lecteur en haleine tout au long du roman. Le passé des personnages plane sur le présent, comme une ombre qu’il faudra tôt ou tard affronter.
Enfin, le contexte géopolitique ajoute encore de l’intensité dramatique. L’auteure ancre son récit dans les années 30, à l’orée de la Seconde Guerre mondiale, alors que l’Europe sent monter les tensions et voit le nazisme se propager comme une gangrène. La menace du conflit s’insinue peu à peu dans la vie quotidienne du manoir et devient un élément de tension supplémentaire.
Le mot de la fin
Ce second tome est tout bonnement captivant, il est d’ailleurs mon préféré de la trilogie. J’ai été profondément touchée par la quête d’identité de Mathilda, par sa ténacité face aux épreuves, et par ce désir de liberté qui l’anime. C’est une héroïne à la fois forte et crédible qu’on prend plaisir à voir grandir, s’interroger, se rebeller parfois, et tracer sa propre voie dans un monde qui ne lui fait pas de cadeaux. J’avoue m’être encore plus attachée à Mathilda qu’à Agneta, l’héroïne du premier tome.
A mettre d’urgence sur vos listes à lire, si ça n’est pas déjà fait !